Amnesty International
 Marie-Victoire Louis

Amnesty International : Vous avez dit : « Polysémie » ?

date de rédaction : 03/04/2014
date de publication : 03 avril 2014
mise en ligne : 03/04/2014
Voir et imprimer en PDF via pdf Print FriendlyAugmenter la taille du texteDiminuer la taille du texteRecommander ce texte par mail

Après le texte en date du 29 août 2012 intitulé : « Des questions à Amnesty International ». Critique du Rapport 2012 d’Amnesty international, http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=1099&themeid=1100,

Après le texte en date du 15 octobre 2013 : « [Encore des] Questions à Amnesty International. Pour un début de critique du Rapport 2013: La situation des droits de l’homme dans le monde » », http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=1162&mode=last

Après le texte en date du 24 octobre 2013 intitulé : « Pour une critique du Rapport 2013 d’Amnesty International : « La situation des droits humains dans le monde», http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=1170&mode=last

Après le texte en date du 22 mars 2014 intitulé : Amnesty International : Vous avez dit : «  Droits » ? http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=1175&mode=last

Après le texte en date du  1er avril 2014, intitulé : « Amnesty International : Vous avez dit : « Discriminations » ?http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=1176&mode=last

Voici la suite - mais non la fin - de cette critique de la pensée politique d’Amnesty International, telle que celui-ci nous la donne - en toute ingénuité ? - à lire.

Il est possible de vérifier - aux fins de critiques, de confirmations, d’invalidations - les assertions, commentaires, critiques de ce Rapport, en se rapportant au document publié sur internet : http://www.amnesty.org/fr/library/asset/POL10/001/2013/ne/039cd7dc-a3e2-46b2-8f2e-49fb963093e3/pol100012013fr.pdf

Lorsque Amnesty International prend position sur telle ou telle situation dans tel ou tel pays, prévalant dans le monde, c’est au nom de sa conception des « droits humains », laquelle nécessite de comprendre l’usage qu’il fait des différents termes qu’il emploie. J’ai relevé, à titre d’exemples, toujours dans le Rapport 2013 d’Amnesty International : « La situation des droits humains dans le monde », la polysémie de certains termes, soit en eux-mêmes (ex : « camps »), soit du fait de leur différente signification dans le contexte dans lequel ils sont employés (ex : « activités »).

Activités

Amnesty International emploie le terme d’« activités», concernant tout à la fois les « activités minières » (Philippines. p.240, 241), les « activités de mercenaires » (Libéria. p.178), les « activités des grandes entreprises » (Sierra Leone. p.276), «les activités des défenseurs des droits humains » (Guatemala. p.119).

Affaires

Amnesty International emploie le terme d’« affaires», comme étant synonyme de (ou se substituant à) : « procès » [et /ou « plaintes »]. On lit ainsi :  «  […] Un total de 1 271 affaires ont été examinées dans le cadre de cette initiative ; 592 (47 %) ont été confiées aux parquets des entités, tandis que 679 (53 %) ont été considérées comme relevant des services de l’État. […] Il est ensuite, à nouveau, fait état « du nombre exact d’affaires en instance ». (Bosnie-Herzégovine. p.43)

Mais ce terme peut aussi [à l’instar d’« actes », d’« agissements », de « cas », de « pratique »] concerner : la « torture » liés à d’autres « mauvais traitements », ou « violences et extorsions » :

+ « De nombreux cas de torture et d’autres formes de mauvais traitements ont encore été signalés cette année et les enquêtes dans ce genre d’affaires étaient rares. » (Russie. p.264)

+ « Les poursuites de policiers pour abus de pouvoir, dans des affaires de torture ou d’autres mauvais traitements, restaient exceptionnelles. » (Russie. p.266)

+ « À la fin de l’année, trois policiers comparaissaient devant la justice pour cinq affaires distinctes de violences et d’extorsion – la première remontant à 2009 – dont les tortures infligées à Mikhaïl Belikov. » (Ukraine. p.328)

Le terme d’« affaire» est enfin employés concernant : « la compétence d’attribution concernant les détenus de Bagram en Afghanistan » (États-Unis. p.100), une « une violations de droits humains », « des crimes de droit international » (Croatie. p.80), et enfin, des « disparitions forcées ». (Sri Lanka. p.293)

Camp

Amnesty International emploie le terme de « camp » dans le sens traditionnel d’espaces de terrain ou de logements temporaires mais sans établir de distinction entre eux. Il est donc question de la « réinstallation de personnes déplacées du camp de Manik Farm » (Sri Lanka. p.294), des « camps du Front Polisario. (Maroc et Sahara occidental. p.199), « des camps de contestataires [qui] étaient maintenus à Taizz et à Sannaa […]  » (Yémen. p. 337). On lit ainsi :  « Le 30 septembre, près de 350 personnes déplacées du camp de Manik Farm sont montées dans des cars militaires, pensant rentrer dans leur village de Keppapilavu. Or, elles ont été conduites en rase campagne, dans le district de Mullaitivu, parce que leurs terres étaient toujours occupées par l’armée. Ces personnes déplacées se sont plaintes de ne disposer dans ce nouveau camp d’aucune infrastructure et de ne pas avoir d’eau potable. D’autres personnes déplacées de leurs villages d’origine ont vécu des expériences similaires. » (Sri Lanka. p.295)

Il est même question, sans plus de précaution, de « camps de conteneurs ». (Serbie. p.273)

Mais Amnesty International emploie, concernant les guerre, les conflits…le même terme dans le sens de : parties, factions, clans, groupes, regroupements. On lit ainsi  concernant la Côte d’Ivoire : « Alors que les deux camps étaient accusés de crimes de droit international [...] » et : «Une commission nationale d’enquête […] concluait que les deux camps avaient tué des centaines de personnes ». (Côte d’Ivoire. p.79) Amnesty International considère ici les « camps » en tant que sujets (de l’histoire) responsables.

Communautés

Amnesty International use et abuse du terme de « communauté » :
* Au singulier : Il est question au Pakistan, de « la communauté chiite hazara du Balouchistan » (Pakistan. p.233) ; en Colombie, de la « Communauté de la paix San José de Apartado» (3 fois citée) ; en Colombie, à nouveau, de la « communauté afro-colombienne » (Colombie. p.68) ; en Iran, de « la communauté LGBTI » (Iran. p.146) ; au Pérou, de « la communauté de Mareniyoc » ; au Kosovo, de « la communauté serbe » (Serbie. p.275) : en Macédoine, de la « communauté macédonienne » (Macédoine. p.185) ;et enfin, pour évoquer certains « Roms » d’« une communauté donnée » (Hongrie. p.131).

* Au pluriel : Il est question de « communautés rurales » (Guatemala. p.119), de « communautés paysannes » (Honduras. p.129), de « communautés mapuches » (Chili. p.61), des « communautés amazoniennes indigènes » et « des militants communautaires» (Équateur. p.92), de « communautés locales» (Pérou. p.239), des «communautés indigènes » (Paraguay. p.236), (Colombie. p.68, 69), des « communautés rom et juive. » (Bosnie-Herzégovine. p.45), des « communautés musulmanes » (Myanmar. p.212), [après avoir évoqué « les minorités non chiites »], des « autres communautés musulmanes » (Iran. p.147), des « communautés » « ouzebèke » et « kirghize » (Kirghizistan. p. 170), des « communautés rom, askhali et ‘égyptienne’ » (Serbie. p.275)
- Il est aussi question, au Liban, des « diverses communautés religieuses du pays » (Liban. p.175) ; en Suisse, « des communautés de migrants » (Suisse. p.296) ; en Syrie, « des communautés minoritaires [considérées comme progouvernementales] » (Syrie. p.302) ; en Lybie, de « communautés supposées fidèles à Mouamar Kadhafi, et notamment les Tawarghas…», mais aussi du « retour de communautés entières » (Lybie. p.180, 182) ; au Kenya, de « [la police qui s’en serait prise à] des membres de communautés spécifiques, en particulier à des personnes d’origine somalienne » (Kenya. p.166) ; à Taïwan, des « communautés autochtones » (après avoir évoqué « les peuples autochtones ») (Taïwan. p.308).
- Il faut enfin noter que les dites communautés sont pourvues de « dirigeants communautaires » (Honduras. p.129), de « des militants communautaires » (Équateur. p.92), et même de « tribunaux communautaires ». On lit en effet, concernant le Rwanda : « Les procès pour génocide devant les tribunaux communautaires gacaca se sont achevés en 2012 ; ce système a officiellement pris fin en juin, après plusieurs reports. » (Rwanda. p. 267)  

Crimes

Amnesty International use et abuse du terme de « crimes ». Il est ainsi question de  « crimes contre l’humanité » (Allemagne. p.14), (Bosnie-Herzégovine. p.44) ; de « crimes de droit international » (Croatie. p.80), (Liberia. p.177), (Monténégro. p.208), (Ouganda. p.228) ; de « crimes internationaux [commis sous le gouvernement du président Georges W. Bush dans le cade du programme de détentions secrètes de la CIA] » (États-Unis. p.100) ; de « crimes de guerre » (Croatie. p.80) ; de « crimes de haine » (Croatie. p.81), (Grèce. p.118), (Lettonie. p.174) ; de « crimes de haine motivée par l’origine ethnique » (Grèce. p.116) ; de « crimes motivés par la haine » [qui a été étendue aux gays, aux lesbiennes et aux personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées] » (Malte. p.196) ; de « crimes contre l’État » (Soudan. p.287) ; de « crimes liés au genre » au Mexique (Mexique. p.205) ; de « crimes homophobes ou transphobes » (Croatie. p.81)
* Concernant la seule Croatie, sur une seule colonne, il est questiond’ « affaires concernant des crimes perpétrés en Slavonie Orientale », de « crimes commis sous le commandement de Davor Momazet-Loso », puis de deux personnes « accusées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité », d’une autre « accusée de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre », d’une quatrième « condamnée pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité », reconnue « responsable en tant que supérieur hiérarchique de crimes perpétrés en Croatie », et enfin de deux autres personnes «  acquittées des chefs de crimes contre l’humanité et crimes de guerre ». Et ce sans qu’aucune explication ne soit donnée concernant et ces différentes formulations et ces différents traitements (Croatie. p.81).  

Crise

Amnesty International emploie indifféremment le terme de « crise » pour : la « crise économique » (Portugal. p.245), la « crise financière et économique » (Espagne. p.95), la « crise » [« de l’économie grecque »] (Grèce. p. 116), tandis qu’il est fait état, en Inde, de « la récession mondiale » (Inde. p.133). Mais il est aussi question de « la crise humanitaire [qui] s’est aggravée » au Yémen (Yémen. p.336), de la « crise alimentaire » (Corée du Nord. p.73), de la « crise au Mali » évoquée au (Mali. p.195) et au Burkina Faso (Burkina Faso. p.51). * Enfin, concernant le Pakistan, on peut lire : « Le Pakistan a connu plusieurs crises politiques, l’armée, les tribunaux et le gouvernement s’affrontant à propos d’un certain nombre de questions, notamment au sujet d’enquêtes sur la corruption ». (Pakistan. p.231)

Exploitation / Exploiter

Amnesty International emploie le même terme d’exploiter / exploitation concernant :

* Les lois. On lit : « Dans les zones tribales du Nord- Ouest, les forces armées exploitaient les lois (anciennes et nouvelles) relatives à la sécurité pour couvrir ces violations et échapper à la justice. » (Pakistan. p.232). On lit aussi : « La Loi de 2009 sur le parrainage, qui oblige les travailleurs étrangers à obtenir l’autorisation de leur garant pour quitter le pays ou changer d’employeur, était exploitée par les employeurs pour empêcher les travailleurs maltraités […] »  (Qatar. p.246)

* Les employé-es de maison. On lit : « Les employés de maison étrangers, qui n’étaient toujours pas protégés par le Code du travail koweïtien, continuaient d’être exploités et maltraités par leurs employeurs. » (Koweït. p. 172). On lit aussi :  « Ceux-ci [les employés de maison – dans leur immense majorité des femmes et des jeunes filles – restaient donc vulnérables à l’exploitation économique et au non-respect de leurs droits à des conditions de travail justes, à la santé et à l’éducation. » (Indonésie. p.139)

* Les travailleurs migrants. On lit : « Les agences de recrutement se livraient toujours au trafic de travailleurs migrants, les soumettant à l’exploitation et au travail forcé » (Népal. p.216). On lit aussi : « En août, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale [ONU] a noté avec inquiétude que, en Corée du Sud, « les travailleurs migrants [étaient] victimes de discrimination et d’exploitation, [n’étaient] pas toujours rémunérés ou [percevaient] des salaires plus faibles. » (Corée du Sud. p.77)

* Le cannabis. On lit : « Des représentants des autorités ont affirmé que seules des exploitationscultivant du cannabis avaient été détruite par les forces publiques » (Madagascar. p.187)

* Les « ressources naturelles » (Équateur. p.92)

- Qu’il s’agisse des « mines » :

On lit : « Les manifestants entendaient protester contre l’expansion de la mine, les spoliations de terres qui y étaient liées et l’impact qu’aurait déjà eu l’exploitation de cette mine sur l’environnement. » (Myanmar. p.213). On lit aussi : « En avril, la Cour suprême a confirmé la décision d’une cour d’appel selon laquelle un projet d’exploitation minière dans le nord du pays devait être suspendu tant que la communauté indigène n’aurait pas été consultée, conformément à la Convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) n° 169 relative aux peuples indigènes et tribaux. » (Chili. p.61) ; « Amparo Abanto et Genoveva Gómez voulaient s’entretenir avec des personnes détenues à la suite de manifestations contre un projet d’exploitation minière. » (Pérou. p.239). Et on lit enfin évoqué « le site d’une mine exploitée par la société Lonmin » (Afrique du sud. p.5)

- Ou du « pétrole » : On lit : «  Le gouvernement a annoncé en août que le nouveau dispositif serait appliqué pour la première fois dans le cadre d’une consultation des peuples indigènes achuar, quechua et kichwa qui aura lieu en 2013 au sujet d’un projet d’exploitation pétrolière à Loreto, dans le nord du pays. » (Pérou. p.240)

Fouilles

Amnesty International emploie le terme de « fouille », sans distinguer les « êtres humains » des maisons. Il est ainsi question d’une « grève de la faim » menée en Iran par des détenues « pour protester contre les fouilles corporelles humiliantes de femmes [détenues …] par les gardiennes » (Iran. p.146), de « fouilles menées par la police et par les agents des douanes et de l’immigration» (Norvège. p.224) et « de fouille[systématique] des maisons » (Syrie. p.303) Quant aux auteur-es des dites fouilles, il peut s’agir des « forces de sécurité » et des « milices » (Syrie. p.303), des « gardiennes de prison » (Iran. p.146), de « la police » et des « agents des douanes et de l’immigration » (Norvège. p.224), mais aussi des « enfants soldats » (Mali. p.195).  

Pratique(s)

Amnesty International use et abuse du terme de « pratiques », au singulier ou au pluriel. Il concerne « la torture », en République démocratique du Congo, jugée [endémique dans tout le pays] (République démocratique du Congo. p.250), en Ouzbékistan, [liée au « mauvais traitement »] et [« habituelle en garde à vue » ou en prison] (Ouzbékistan. p. 229), (Kirghizistan. p.169), (Ouzbékistan. p.229), ou jugée [courante en garde à vue]» au Sri Lanka (Sri Lanka. p.293).

Mais le terme de « pratique-s » concerne aussi : « l’esclavage » (Yémen. p.339), « le travail forcé », (Myanmar. p.213), « la circoncision féminine », (Indonésie. p.139), « les mutilations génitales » (Irlande. p.149), « les mutilations génitales féminines [et les mariages précoces] [toujours monnaie courante] » (Libéria. p.178).

Il est même possible de lire : « En juillet, 36 hommes interpellés lors de la projection d’un film ont été soumis de force à un examen visant à déterminer s’ils s’étaient livrés à des pratiques anales. » (Liban. p.177)

Protection/ Protéger

* Amnesty International use et abuse du terme de « protection », comme du verbe « protéger ». Il est question de :

- Protéger « la révolution » : Il est fait état, en Lybie, de « la Loi n° 38 de 2012 [qui] a accordé aux miliciens l’immunité de poursuites pour tous les actes réputés avoir été commis dans le but de ‘protéger la révolution du 17 Février’ ». (Lybie. p.182), tandis qu’en Egypte, il est question d’une loi qualifiée de « répressive » promulguée pour « ‘protéger la révolution’ » (Égypte. p.86).

- Protéger « les femmes ». On lit : « la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la violence contre les femmes […] a estimé que la polygamie était un facteur qui contribuait à la violence dans le cadre familial, et appelé le gouvernement à prendre ses responsabilités en matière de protection des femmes, y compris en s’attaquant aux pratiques traditionnelles néfastes pour ces dernières. » (Papouasie-Nouvelle-Guinée. p.236) Mais cette protection peut aussi concerner certaines femmes spécifiques, considérées comme « en danger ». On lit : « En 2010, la Commission interaméricaine des droits de l’homme avait pourtant ordonné aux autorités colombiennes de fournir une protection à Cleiner María Almanza et à 13 autres femmes influentes en danger. »  (Colombie. p.71) On lit enfin : « Les femmes continuaient d’être victimes de discrimination dans la législation et dans la pratique et elles n’étaient pas suffisamment protégées contre les violences exercées au sein de la famille. » (Qatar. p. 246)

- Protéger « des victimes ». On lit : « Une loi [pénalisant les mutilations génitales féminines] prévoyait la protection des victimes pendant le procédure judicaire » (Irlande. p.149). On lit aussi que « le nombre de demandes de mesures de protection déposées par des victimes devant les tribunaux a également augmenté. » (Albanie. p.9)

- Protéger «les personnes ayant, réellement ou supposément,des relations homosexuelles ». On lit : « Les personnes ayant, réellement ou supposément, des relations homosexuelles n’étaient toujours pas vraiment protégées par la loi et certaines ont été victimes de violences cette année encore. » (Ghana. p.115)

- Protéger « les victimes de viol et de violence sexuelles ». On lit : « Les victimes de viol et de violences sexuelles ne bénéficiaient toujours pas d’une protection et d’un accès à la justice suffisants. » (Norvège. p.223)

- Protéger « la famille ». On lit : « Le projet de loi sur la protection de la famille dont les dispositions renforceraient la discrimination, était toujours en discussion à la fin de l’année.» (Iran. p.146)

- Protéger « des personnes ». On lit : « Des attaques armées perpétrées contre des civils et des militaires ont mis en péril la protection des personnes. » (Côte d’Ivoire. p.78)

- Protéger « chaque individu ». On lit : « Plus de 1 700 personnes, dont des mineurs non accompagnés, ont sollicité l’asile en Serbie. Aucune ne l’a obtenu, la procédure existante ne permettant pas une évaluation équitable des besoins de protection de chaque individu ». (Serbie. p.274)

- Protéger « la communauté rom ». On lit : « La Commission gouvernementale pour la protection de la communauté rom a estimé en septembre que la Loi sur les Roms devait être modifiée. » (Slovénie. p.281)

- Protéger «  la communauté chiite hazara du Balouchistan ». On lit : « L’État n’a rien fait pour protéger la communauté chiite hazara du Baloutchistan contre les attaques de groupes armés […] »  (Pakistan. p.233)

- Protéger « les travailleurs migrants ». On lit : « Les travailleurs migrants n’étaient pas suffisamment protégés par la loi. » (Qatar. p.245)

- Protéger « les civils et les droits humains ». Le titre d’un document d’Amnesty International concernant la Somalie est le suivant : « Somalie. Un avenir stable ne peut être envisagé sans protéger les civils et les droits humains (PRE01/100/2012). » (Somalie. p.285)

- Protéger « les personnes des actes de discrimination en raison de leurs préférences sexuelles ou de leur état de santé ». On lit : « L’État ne protégeait pas les personnes des actes de discrimination dont elles pouvaient être victimes en raison de leurs préférences sexuelles ou de leur état de santé. » (Moldavie. p.205)

- Protéger « un journaliste ». Le titre d’un document d’Amnesty International concernant le Liberia s’intitule : « Liberia. La police doit prendre des mesures immédiates pour protéger une journaliste (AFR 34/001/2012). (Liberia. p.179)

Mais il est aussi question de « la demande de protection internationale » : On lit : « Faute d’un accès approprié à la procédure de demande de protection internationale, ils (des demandeurs d’asile) risquaient par exemple d’être renvoyés dans des pays tiers où leurs droits seraient menacés. » (Allemagne. p.13) ;

- d’une « protection juridique ». On lit : «  La protection juridique contre les crimes motivés par la haine a été étendue aux gays, aux lesbiennes et aux personnes bisexuelles, transgenres et intersexuées. » (Malte. p.196) ;

- d’une demande de « protection policière » : On lit : « [un acteur gay] « avait demandé à plusieurs reprises à bénéficier d’une protection policière. » (Monténégro. p.209)

- et enfin, d’une « protection subsidiaire ». On lit « [Une réponse positive de demande d’asile conférant aux migrants irréguliers] « une protection subsidiaire » (Monténégro. p.209)

Victimes

Amnesty International use et abuse du terme de « victimes ». Il évoque :

* Au pluriel des : des « femmes victimes de viols » (Colombie. p.71) ; des « victimes des exactions des para militaires » (Colombie. p. 69 et 70) ; des « victimes de violences sexuelles » (Colombie. p.71), (Inde. p.139) ; des «victimes de disparitions forcées » (Mali. p.195) ; « des victimes de torture » […] (Danemark. p.84) ; des « victimes d’actes de torture ou d’autres mauvais traitements. » (Ukraine. p.328) et enfin, des «victimes du séisme » (Japon. p.160).

* Au singulier : Igor Kaliapine [...] « victime de la torture [en Tchétchénie]» (Russie. p.264), une femme de 32 ans « victime de traite [elle était tombée enceinte à la suite d’un viol] » (Argentine. p.21), mais aussi d’« un homme victime de torture et de disparitions forcée » (Philippines. p.242) ….

En guise de conclusion :

1) Ces confusions sont lisibles concernant l’ensemble des termes employés par Amnesty International.

2) Lu dans l’Internationale Situationniste :
* « Le problème du langage est au centre de toutes les luttes pour l’abolition ou le maintien de l’aliénation présente ; inséparable de l’ensemble du terrain de ces luttes. Nous vivons dans le langage comme dans l’air vicié. Contrairement à ce qu’estiment les gens d’esprit, les mots ne jouent pas. Ils ne font pas l’amour comme le croyait André Breton, sauf en rêve. Les mots travaillent pour le compte de l’organisation dominante de la vie. […] » L’internationale Situationniste. N° 8. Janvier 1963
* « Il est impossible de se débarrasser d’un monde sans se débarrasser du langage qui le cache et la garantit, sans mettre à nu sa vérité. […]  » L’internationale Situationniste. N° 10. Mars 1966
* « La confusion est devenue telle, dans l’organisation du langage, que la communication imposée par le pouvoir apparait comme une imposture et une duperie. » L’internationale Situationniste. N° 8. Janvier 1963


Retour en haut de page