lettres politiques
 Marie-Victoire Louis

Lettre à Marie-Georges Buffet. Ministre de la Jeunesse et des sports

date de rédaction : 26/11/1997
mise en ligne : 18/10/2006 (texte déjà présent sur la version précédente du site)
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Paris, le 26 novembre 1997

Madame Marie-Georges Buffet
Ministre de la Jeunesse et des sports
78 rue Olivier de Serres
75739 Paris cedex 15

Madame la Ministre,


Lors du dîner du 2 octobre 1997 auquel vous aviez bien voulu me convier, j’avais évoqué avec vous la question de la situation actuelle de Madame Catherine Moyon de Baecque, à propos de laquelle l’Association contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT) - à l’époque où j’étais présidente - s’était mobilisée lorsque ses agresseurs représentaient la France, lors des Jeux Olympiques d’Atlanta.  

Il faut rappeler, en effet, la responsabilité de l’état français concernant les violences dont elle a été l’objet de la part d’athlètes de l’équipe de France, violences qui, bien que la justice ne les ai pas reconnues comme telles, n’en restent pas moins des crimes au regard des définitions de notre droit pénal.

Il faut rappeler les obstacles - pour employer une litote - auxquelles elle a été confrontée, pendant toutes ces années où elle a dû lutter, souvent bien seule, contre les instances sportives et politiques françaises. Sans évoquer le fait que les violences et les abus de pouvoirs qu’elle a dénoncé avec tant de constance sont loin d’être une exception dans le milieu sportif. Et que nombre d’entre elles relèvent quasiment du « droit de cuissage ».  

Or, l’Etat français n’a toujours pas répondu à sa demande de réparation, pourtant bien modeste - eu égard à ce à quoi elle aurait été en droit de demander sur le plan moral, politique, financier. Je me permets donc de vous rappeler que le contrat sur le quel elle est embauchée arrive à renouvellement fin décembre et que son statut comme son ancrage au sein du Ministère de la Jeunesse et des Sports est donc toujours - pour le moins - précaire.

Catherine Moyon de Baecque aspire à  l’obtention d’un emploi correspondant à ses diplômes, à ses qualités, à ses compétences; elle connaît en outre fort bien les milieux sportifs, olympiques français, le sport de haut niveau, comme le sport dit - de manière inapproprié -  « féminin ».

Je ne peux pas croire que l’Etat français que vous représentez pourra laisser sa situation professionnelle inchangée. J’ose, par ailleurs, espérer que les violences qu’elle a dénoncées dans le sport seront l’objet d’une politique gouvernementale claire - comme l’a été celle, fort efficiente - contre le bizutage.

Dans l’attente, veuillez agréer, madame la Ministre, l’assurance de ma considération.

Marie-Victoire Louis


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