Monsieur Lionel Jospin
Premier Ministre
Hôtel Matignon
57, rue de Varenne. Paris 75007
Paris, le 7 mars 2000
Par télécopie et par courrier
01 45 44 15 72
Monsieur le Premier Ministre,
Vous avez bien voulu m’inviter à la réception que vous offrez à l’occasion de la Journée internationale des femmes, le mercredi 8 mars. Et je vous en remercie. Mais je ne pourrais pas me rendre à votre invitation, devant, au même moment, fêter avec les Chiennes de garde, la victoire obtenue au Fouquet’s. Je me rendrai ensuite, avec elles, à la manifestation féministe, dans la rue, organisée à l’occasion de la Marche Mondiale des Femmes.
Je me permets, à cette occasion, de vous dire, qu’en tant que femme, en tant que féministe, le bilan de votre gouvernement ne me satisfait pas.
Je vois, en effet, tous les jours, dans tous les domaines, la situation des femmes s’aggraver. Rien de notable n’est proposé pour remédier à la situation très difficile, injuste et si souvent scandaleuse que votre gouvernement impose aux femmes de ce pays. Tandis que les propositions des associations de femmes et féministes sont traitées, le plus souvent, avec un réel mépris. Et pratiquement jamais entendues.
À cet égard, si le gouvernement devait soutenir et défendre un projet de loi contre l’ homophobie, sans concomitamment défendre un projet de loi antisexiste, vous devriez savoir que cette décision politique serait vécue par nombre de femmes et de féministes comme une provocation.
En ce qui me concerne, je m’interroge actuellement sur la question suivante : et si toute votre politique était conçue et mise en ouvre de manière à en faire payer le pris le plus élevé par les femmes ? L’absence de tout projet concret pour les femmes dans votre lettre d’invitation est, à cet égard, particulièrement signifiante.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mes salutations distinguées.
Marie- Victoire Louis
PS. Je me permets de vous adresser, pour information, un article que j’avais adressé au Monde1, que celui-ci a décidé de ne pas publier.
J’ai pensé que peut être, vous pourriez en faire un bon usage.