Prostitution. Proxénétisme. Traite des êtres humains
 Comité permanent de  liaison des associations abolitionnistes françaises pour l’abolition du proxénétisme et la prévention de la prostitution  *

Appel à entrer en résistance contre l’Europe proxénète1

Lettre ouverte à Romano Prodi, président de la Commission européenne.et à Nicole Fontaine, présidente du Parlement européen.

date de rédaction : 26/10/1999
mise en ligne : 16/10/2006 (texte déjà présent sur la version précédente du site)
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Plusieurs pays de l'Union européenne - notamment les Pays-Bas, la Belgique, l'Allemagne défendent (avec des réserves bien ténues) des politiques de légalisation du proxénétisme et donc de la prostitution.

Plusieurs autres seraient prêts à agir en ce sens.

Pour sa part, I'Union européenne a - sans aucun débat démocratique au sein du Parlement européen - elle aussi, depuis de nombreuses années, progressivement abandonné toute lutte contre le proxénétisme.

Et ce, en contradiction formelle avec la convention des Nations Unies du 2 décembre 1949 « pour la répression de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui ».

Cette convention - dont l'Europe (comme l'ONU) doit célébrer le cinquantenaire - a pourtant été ratifiée par huit pays de l'Union européenne : Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Italie, Luxembourg, Portugal.

L'Union Européenne affirme, en effet, vouloir dorénavant « combattre le trafic illégal des personnes », reconnaissant ainsi qu'il peut y avoir un commerce légal des êtres humains.

Les associations, partis politiques, syndicats, personnes signataires du présent appel refusent de vivre dans une Europe proxénète dans laquelle le sexe des êtres humains et leur corps deviendraient l'objet de transactions licites.

* Nous refusons que des êtres humains deviennent des « travailleurs et des travailleuses du sexe ».

* Nous refusons que les violences physiques et sexuelles imposées aux personnes prostituées fassent, en toute légalité, partie intégrante de leurs conditions de « travail » et de vie.

* Nous refusons que la prostitution devienne une « activité économique » - indépendante ou salariée - un « métier ». Bientôt sanctionné par un diplôme ?

* Nous refusons que la prostitution devienne un « service » offert à des « consommateurs ».

* Nous refusons que les proxénètes soient reconnus comme des « entrepreneurs » et que seuls « les trafiquants » soient dorénavant criminalisés.

* Nous refusons l'ouverture de bordels en Europe et demandons la fermeture de ceux qui existent.

* Nous refusons que l'organisation « Payoke » ouvre, à Anvers, son « école de la prostitution » et demandons sa fermeture immédiate.

Nous refusons que nos gouvernements et nos élu-es cautionnent et organisent un système économique qui intègre les profits de la vente des sexes des êtres humains - venant majoritairement des pays pauvres - pour alimenter notre croissance et créer des emplois.

* Nous refusons que l'Union Européenne limite son action à la « traite des femmes » et nous refuserons toute nouvelle convention sur la « traite », le « trafic », mais aussi, sans clarification politique, sur « le crime transnational organisé ».

NOUS REFUSONS L'INACCEPTABLE

Pour combattre le système prostitutionnel et la barbarie qu'il légitime, nous appelons à entrer en résistance.

Se taire, c'est être complices de tous les dénis de droits et des violences des Etats, du marché, des individu-es. C'est accepter que le droit à disposer du corps d'autrui soit reconnu comme un « droit de l'homme ».

La prostitution doit disparaître.

La meilleure politique de prévention est d'en poser le principe.

A cet égard, la politique suédoise, est pour nous un modèle. Le gouvernement suédois est en effet le seul, à ce jour, en Europe, à avoir proclamé que la prostitution est une violence contre les femmes. C'est le seul à avoir intégré cette réalité dans un projet politique et législatif « pour la paix des femmes ». La ministre de l'Egalité des sexes, Margaretha Wimberg, a affirmé: « Traiter une personne comme une marchandise, fût-ce avec son consentement, est un crime ».

Nous demandons donc à l'Europe qu'elle affirme solennellement sa volonté de lutter:

* pour le droit enfin reconnu à chacun-e de vivre sans être prostitué-e

* pour la suppression de toute pénalisation à l'encontre des personnes prostituées

* pour la réintégration des personnes prostituées dans leurs droits bafoués de femmes d'hommes et de citoyen-nes

* pour la mise en œuvre d'importants moyens, notamment mais non pas exclusivement financiers, qui leur permettront de vivre dignement

* pour la pénalisation des clients, après une période de transition

* pour une pédagogie active qui affirmerait la dignité de tous les êtres humains et le droit pour tous et toutes de vivre librement, hors de toutes violences sexuelles

* contre tous les proxénètes et contre toutes les formes de proxénétisme

Nous voulons vivre dans une Europe, dans un monde, qui affirmerait le principe, jamais encore reconnu par aucune déclaration des « droits de l'homme » :

LE CORPS HUMAIN EST INALIENABLE

Copie aux 626 député-es européen-nes

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Notes de bas de page
1 Ce texte dont j’ai écrit que j’assumais « la maternité » a été présenté à de nombreuses associations abolitionnistes et, au cours d’une réunion légèrement amendé. Mais il s’agit d’une initiative qui a été lancée au sein du CPL. Il a été signé par plus de 150 associations.

J’ai néanmoins décidé de le publier sur ce site car il est nécessaire à la compréhension de l’évolution des textes suivants.


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