Parité
 Marie-Victoire Louis

Bilan des élections européennes

Projets Féministes Nos 4-5
Actualité de la parité
p. 57 à 81
Séminaire en neuf rencontres introduit et animé par Marie-Victoire Louis
Séminaire du 6 Décembre 1994

date de rédaction : 01/02/1996
date de publication : Février 1996
mise en ligne : 07/11/2006 (texte déjà présent sur la version précédente du site)
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Intervenantes : Janine Mossuz-Lavau, Monique Dental, Jacqueline Sag

Marie-Victoire Louis

Jacqueline Sag vient de me faire savoir qu'Antoinette Fouque que j'avais invitée en tant que députée européenne élue sur la liste radicale conduite par Bernard Tapie et vice-présidente de la Commission "Droits des femmes" du Parlement européen ne pourra être présente à ce séminaire.
Jacqueline Sag la remplacera.

Janine Mossuz-Lavau

Je vais essayer de faire le point sur le vote des hommes et des femmes - car le vote des femmes n'a de sens que comparé à celui des hommes - à l'occasion des dernières élections européennes de juin 1994. 1

Je rappelle, pour mentionner mes analyses habituelles, que j'avais distingué trois phases en matière d'évolution du vote des femmes.

Une phase, jusqu'à la fin des années soixante - dite d'apprentissage - où les femmes se montrent plus abstentionnistes et plus conservatrices que les hommes, puis une phase de décollage dans les années 70 où elles se mettent à voter autant qu'eux, mais où elles sont toujours un peu pus conservatrices, et puis une phase d'autonomie - même si le terme peut se discuter - qui correspond à ce que l'on vit depuis le milieu des années 80 où les femmes votent autant à gauche que les hommes et participent toujours autant.

Pourquoi parler d'autonomie ? Parce que si l'on regarde d'un peu plus près leurs votes depuis le milieu des années 80, on voit qu'il y a une spécificité : lors de plusieurs élections, on note un sur-vote socialiste des femmes ; elles sont moins nombreuses à voter pour le Front National et depuis 1992, elles sont un peu plus nombreuses à voter pour les écologistes.

Par rapport à cette évolution, que peut-on observer à l'occasion des dernières élections Européennes ?

En matière de participation, les femmes n'ont pas relâché leur effort : puisque ce que l'on observait comme exception dans les années 80, à savoir que les femmes votaient autant que les hommes - sauf pour les Européennes (en effet, selon diverses enquêtes, les femmes voient l'Europe comme lointaine et assez abstraite) - a pratiquement disparu.
Les résultats sont de 45 % d'abstentions chez les hommes et 47 % chez les femmes, donc une différence quasiment négligeable et, en tout cas, moindre qu'aux autres Européennes.

En ce qui concerne le soutien accordé à la gauche, il est à nouveau identique : 39 % des hommes et des femmes choisissent l'une ou l'autre des six listes de gauche en présence. 2

Le constat que j'avais fait à la fin années 80 selon lequel les femmes ne sont pas plus conservatrices que les hommes vaut donc à nouveau pour cette élection.

Les spécificités des femmes demeurent également, puisque la préférence pour la conduite par Michel Rocard est réaffirmée : d'après B.V.A, 14 % hommes et 16 % des femmes - d'après la SOFRES, 13 % et 16 % prononcent en sa faveur. On est loin des chiffres recueillis par Mitterrand en 1988, mais on remarque toujours cet écart entre hommes et femme qui avait disparu en 1993. Le sur-vote socialiste des femmes réapparaît donc en 1994.

La réticence à l'égard de Jean-Marie Le Pen est elle aussi confirmée, puisque le 12 Juin dernier, d'après B.V.A, ce sont 13 % des hommes et 8 % des femmes seulement qui appuient sa liste - d'après l'IFOP, l'écart est également de 5 points, tandis que, d'après la SOFRES, il ne serait de 3 points. De manière durable, donc, la défiance des femmes persiste face à un parti qui veut renvoyer les jeunes mères chez elles avec un salaire maternel, qui veut revenir sur la légalisation de l'avortement et qui pose une image des femmes très traditionnelle, très passéiste, laquelle ne correspond plus à ce à quoi aspire la majorité des électrices.
Enfin, c'est un parti qui présente de la politique une version guerrière que les femmes ont du mal à accepter, car elles aspirent à une politique un peu plus pacifiée.

Quant au troisième point de la spécificité, c'est-à-dire la préférence pour les écologistes, si, en 1994, les écologistes rassemblent un tout petit nombre de suffrages par rapport notamment à 1992, la différence subsiste entre les hommes et les femmes puisque ce sont 6 % des électrices et 4 % des électeurs qui ont voté pour les deux listes écologistes.
Là aussi, cela correspond à ce que l'on retrouve dans les enquêtes portant sur les problèmes d'environnement : les femmes sont toujours plus nombreuses que les hommes à être sensibles à ce qui touche à la protection de la nature, de l'espèce sur la terre, et finalement à tout ce qui concerne la vie sur la planète.

J'ajouterais qu'il y avait eu la surprise de taille réservée par les scores de Bernard Tapie et de Philippe De Villiers. Mais sur ces deux listes, il n'y a aucune différence entre le vote des hommes et des femmes ; le score est le même dans l'un et l'autre cas.

Et pour que le tour d'horizon soit complet, j'ajouterais que les électrices ont été plus nombreuses que les électeurs à voter pour la liste UDF / RPR menée par Dominique Baudis (28 % de femmes et 24 % d'hommes selon B.V.A) et qu'elles sont été deux fois moins nombreuses en revanche à soutenir la liste "Chasse, pêche, nature et tradition" qui avait a sa tête M. Goustat.
Ce qui ne surprendra sans doute pas grand'monde.

Les chiffres donnés par ces instituts de sondages permettent en outre de voir quel est ce vote, comment il se structure en fonction de l'âge et du statut socioprofessionnel, puisque ce sont des variables qui jouent pour expliquer les votes.

L'âge. Le sondage de BVA montre que, chez les moins de 35 ans, les femmes ont été beaucoup plus nombreuses que les hommes à voter à gauche ; chez les 18 /24 ans, 47 % des femmes et 40 % des hommes ont voté à gauche ; après, les différences s'affaiblissent un peu et les scores s'égalisent entre 35 et 49 ans. À partir de 50 ans, les femmes choisissent un peu moins souvent la gauche que les hommes.

Ce qui est intéressant, c'est que cette avance de la gauche dans le jeune électorat féminin est tout particulièrement due aux bons résultats obtenus par Michel Rocard.

Car, en effet, si dans cette tranche d'âge, les hommes et les femmes ont voté d'abord pour Bernard Tapie - pour les 18/ 24 ans, 20 % des hommes et 21 % d femmes ont voté pour lui - ils ne se répartissent pas ensuite de la même manière entre les différents candidats. Chez les femmes, Michel Rocard vient en deuxième position : 18 % des jeunes femmes de 18 / 24 ans ont voté pour lui contre 8 % seulement chez les hommes qui choisissent eux, en second, plutôt Dominique Baudis ou Jean-Marie Le Pen.
Le sur-vote socialiste des femmes enregistré en 1994 est dû, pour l'essentiel, aux choix effectués par les moins de 35 ans.

En ce qui concerne la distribution des votes en faveur de la droite, la liste Baudis dont j'ai signalé qu'elle faisait un meilleur résultat chez les femmes que chez les hommes, obtient ce résultat surtout grâce aux femmes de plus 50 ans. Cette liste fait son meilleur score auprès des femmes de plus de 65 ans (elle recueille 41 % des suffrages de cette tranche d'âge).

On se trouve dans un cas inverse de celui présenté par la liste de Michel Rocard, puisque celle-ci doit son avance chez les femmes aux plus jeunes, alors que celle de Dominique Baudis doit la sienne aux plus âgées.

Le statut socioprofessionnel. Celui-ci inscrit, comme à l'accoutumée, des différences notables dans le comportement des électeurs / trices.
Je rappelle, qu'à l'occasion des élections législatives de 1978, avec Mariette Sineau, nous avions fait une grosse enquête sur 2.200 personnes, homme femmes, pour savoir comment les uns et les autres se comportaient en politique, mais aussi par rapport à la religion et au libéralisme culturel.

Nous avions, pour la première fois, mis en évidence "l'effet - travail".
Nous avions effet montré que lorsque les femmes travaillaient, elles étaient à la fois plus politisées et faisaient plus souvent des choix de gauche que lorsqu'elles étaient au foyer. Cet "effet travail" a été constaté régulièrement depuis cette date et on le retrouve aux élections européennes3. On obtient des résultats assez intéressants, malgré le fait que l'I.F.O.P a inclus la liste d'Arlette Laguiller dans les autres listes "divers", ce qui ne permet pas de faire un "total gauche".
Mais si l'on tient compte des 4 grandes listes (Wurtz (P.C), Tapie, Chevènement, Rocard) 37 % des femmes actives ont voté pour ces listes, contre 31 % des femmes au foyer et 33 % des hommes actifs.

On constate donc une différence et une réaffirmation de cet "effet-travail" sur le vote de gauche ; ce sont 16 % des actives et 11 % des femmes au foyer qui ont voté pour Rocard ; en revanche, la liste UDF / RPR doit beaucoup aux "femmes au foyer" (qui recueille 31 % des suffrages des "femmes au foyer" et 23 % seulement chez les actives) - de même que la liste Front National (10 % des voix des "femmes au foyer" et 7 % chez les actives).

Une autre opposition entre les deux listes Baudis et Rocard apparaît lorsqu'on prend en compte la profession exercée par les personnes interrogées. D'après B.V.A., la gauche recueille plus de voix chez les femmes que chez les hommes chez les cadres supérieurs, professions libérales, professions intermédiaires et étudiant-es.
Dans ces cas, la différence provient surtout d'un choix en faveur de la liste de Michel Rocard qui est plus net chez les électrices que chez les électeurs ; parmi les cadres supérieurs, professions libérales, 25 % des femmes ont voté pour cette liste contre 21 % des hommes ; c'est le meilleur score enregistré par la liste socialiste qui trouve donc ses appuis les plus sûrs chez les femmes des catégories les plus favorisées, les professions intermédiaires et les étudiantes.

On peut s'interroger sur la liste de Bernard Tapie : elle a en effet été saluée partout comme celle qui occupait la première position chez les ouvriers et c'est vrai qu'elle détient chez eux cette place ex-quo avec Jean-Marie Le Pen. Mais chez les ouvrières, il n'en va pas de même. Elles choisissent d'abord à égalité Michel Rocard et Dominique Baudis. En effet, 9 % seulement des ouvrières portent leurs suffrages sur Bernard Tapie, contre 17 % des ouvriers. De même que les chômeuses ont moins été séduites que les chômeurs par le député des Bouches-du-Rhône.
C'est chez les hommes chômeurs qu'il bat son record de popularité, son audience étant même supérieure que celle qu'on observe chez les jeunes.

Du point de vue socioprofessionnel, on note aussi une opposition entre la liste Rocard et la liste Baudis, puisque ce dernier enregistre ses meilleurs résultats chez les petites entrepreneuses indépendantes et son maximum, chez les agricultrices, les artisanes, les commerçantes. Il dispose aussi d'un capital de voix chez les femmes employées et chez les ouvrières qui votent plus pour lui que les hommes de la même catégorie. Mais les niveaux sont très inférieurs à ceux qui sont atteints dans les professions indépendantes.
On voit donc que les deux listes tout particulièrement choisies par les femmes ne sont donc pas soutenues par des électorats identiques.

Si l'on veut rapidement résumer : L'électorat de Michel Rocard se caractérise par la présence marquée de femmes, jeunes, actives, cadres, étudiantes et celui de Dominique Baudis réunit, pour une part non négligeable, des femmes plus âgées, sans profession ou agricultrices, commerçantes et artisanes. Il s'agit donc de deux profils distincts qui renvoient à des univers idéologiques contrastés et, sans doute, à deux conception du rôle des femmes. La première serait plus moderniste, plus en phase l'image d'une femme autonome disposant librement d'elle-même et la seconde, plus traditionnelle et moins influencée par les thèses féministes.

Je conclurai en disant que les socialistes doivent admettre que leurs dernières zones de force - ou de moindre faiblesse - sont constituées par les femmes, tout particulièrement par les femmes, jeunes, actives, et que garder celles-ci dans leur mouvance pourrait constituer un objectif non totalement dénué d'intérêt.
Or la campagne de ce point de vue-là a extrêmement faible concernant le discours "en direction des femmes" - comme on disait autrefois - et, même si la liste socialiste était paritaire, on ne s'est pas beaucoup adressé aux femmes, en tout cas, pas à l'occasion campagne.

Je dirais aussi que la droite classique dans les bastions dont je vous ai parlé (les plus de 50 ans, les femmes au foyer, les indépendantes, etc.) a aussi intérêt à ne pas négliger une population qui, pour le moment, ne cède pas aux sirènes de l'extrême droite. En effet, dans ces catégories, les scores sont nettement moins élevés qu'un an plus tôt. 4

Je prendrais simple un exemple : en 1993,48 % des femmes au foyer avaient voté pour les candidat-es UDF / RPR, et elles sont 29 % aujourd'hui d'après B.V.A, 31 % d'après l'IFOP. Là encore, je pense qu'il devrait y avoir un intérêt de la part de ces différentes familles politiques pour les électrices.

On peut donc affirmer que les Françaises, dans la période récente, ont réaffirmé les choix esquissés dans la seconde moitié des années 80, même si les soutiens qu'elles accordaient à certains partis (P.S. et écologistes) sont moins affirmés.

Le schéma initial demeure dessiné par l'évolution de la situation des femmes au cours de la dernière décennie.
Cette autonomisation politique des femmes va de pair avec une autonomisation sociale et les changements observés dans les comportements politiques sont liés avec ceux qui sont survenus dans leur statut social et dans la relation avec la religion.

Je rappellerais la conclusion classique : c'est leur entrée massive dans le monde du travail, leur scolarisation plus poussée et leur désaffection par rapport à la religion qui a permis ce mouvement vers la gauche que l'on enregistre sur la longue période qui a augmenté leur participation électorale.
J'insisterais aussi, comme je l'ai fait dans d'autres lieux et dans l'article que j'avais fait l'année dernière dans la Revue Française de Science Politique 5en faisant le bilan de 50 ans de droit de vote des femmes que si les femmes se sont mises à voter à gauche autant que les hommes et si elles refusent de soutenir le Front National comme elle le font encore depuis une dizaine d'années, c'est vraisemblablement aussi parce qu'elles sont attachées aux nouveaux droits conquis dans la récente période, droit de disposer de leurs corps, autonomie socioprofessionnelle grandissante.

Elles adhèrent à ce que j'ai appelé une espèce de féminisme ordinaire qu'elles imaginent mieux défendu par la gauche que par l'extrême droite.

À cet égard, les options prises dans les années 80 semblent assurées d'une certaine longévité, puisque, malgré la crise économique qui les frappe au premier chef, les femmes travaillent, y compris lorsqu'elles ont de jeunes enfants. Et elles ne sont pas tellement en passe de vouloir, malgré les politiques qui ont été prônées par la droite depuis un an, redevenir des mères et des épouses exclusivement.

Marie-Victoire Louis

Pourrais-tu expliquer aux non-spécialistes de sociologie électorale quelles sont les méthodes utilisées pour arriver aux types de résultats que tu viens de nous présenter ?

Janine Mossuz-Lavau

En deux mots, je me suis essentiellement appuyée sur les sondages réalisés à la sortie des urnes par deux grands instituts de sondages : B.V.A. et l'IFOP : des enquêteurs et enquêtrices font passer des questionnaires que les gens remplissent et ce, sur un beaucoup plus grand nombre de personnes (4 à 6.000) que dans les sondages de type post-électoraux qui, eux, présentent cependant l'avantage d'être effectués à partir d'un échantillon construit à partir de quotas).

On peut ainsi constituer des catégories assez "pointues" comme par exemple, celle de femmes commerçantes, ou âgées de plus de 75 ans. Pour chaque tranche d'âge, on a ainsi la possibilité de comparer le vote des hommes et des femmes sur des grands nombres.
Ces sondages sont cependant moins fiables que les sondages post-électoraux réalisés soit par téléphone, soit à domicile, en face à face.
Réalisés sur un nombre moins élevé de personnes (échantillon de 1.000 personnes), ils permettent cependant moins facilement d'isoler tous les petits groupes qui nous intéressent.

Marie-Victoire Louis

Dans le premier cas de figure, est-ce que l'on n'ajuste pas les résultats donnés pour le sondage par rapport à ce que l'on connaît de la réalité sociologique, en faisant des "manipulations" a posteriori ?

Janine Mossuz-Lavau

Bien sûr. Pour retrouver des résultats représentatifs.

Mariette Sineau

On maîtrise assez mal les redressements par catégories. Aussi, à l'arrivée, on a parfois des résultats un peu bizarres. Donc, lorsque l'on a 2 ou 3 points d'écarts entre des catégories très fines, il ne faut pas trop épiloguer.

Dans ces sondages "sorties des urnes", il existe en outre des biais sur les réponses:  certaines catégories sociales répondent plus aisément que d'autres.
Ainsi, par rapport à ce que dit Janine Mossuz-Lavau sur l'extrême droite, j'aurais tendance à faire des commentaires un peu différents dans la mesure où, si l'on suit l'évolution par rapport au vote sur Maastricht, puis lors des législatives, on s'aperçoit, en ne prenant que les sondages post-électoraux de la seule SOFRES, qu'il y a eu une montée du vote d'extrême droite chez les femmes qui était extrêmement préoccupant aux législatives : on dépassait le chiffre de 10 %.

Monique Dental

Je vais, pour ma part, intervenir sur ce qu'avaient été les raisons de ma candidature aux élections Européennes de juin 1994.

Celle-ci s'inscrit dans les pratiques du Collectif féministe Ruptures dont je suis militante, lequel avait participé à l'expérience du mouvement Arc en Ciel. C'était un mouvement qui, de 1987 à 1990, regroupait des écologistes, des membres de l'extrême gauche en rupture de ban, des ancien-nes communistes, des socialistes, des anti-nucléaires et qui avait fait appel à des féministes pour essayer de voir comment, ensemble, on pouvait à la fois réfléchir sur un bilan de l'après 68 et construire un nouveau mouvement social.
Très peu de féministes ont fait la démarche de s'investir dans cette réflexion, sauf celles du Collectif féministe Ruptures et des féministes du CINEL (Centre d'initiatives pour de nouveaux espaces de liberté).
Les femmes qui, à cette époque, faisaient partie du Collectif Ruptures avaient été des militantes de différentes organisations de gauche et d'extrême gauche qu'elles avaient quittées. Elles voulaient, à partir de cette expérience, ré-interroger le politique à partir d'une position de femmes féministes.

Nous avions décidé que, dès que des occasions seraient données, nous présenterions des femmes candidates féministes pour les élections.

Donc, quand j'ai été contactée par les Verts pour être candidate sur leur liste, cela faisait suite à une pratique que nous avions avec la commission femmes des Verts, dans un réseau d'échanges que nous avions constitué autour des abonnées du bulletin du réseau femmes Ruptures.
Cette commission femmes avait fait la suggestion aux Verts de nous proposer des places sur la liste pour les élections régionales de 1992.
Pour un certain nombre de raisons, nous n'avons pas souhaité être sur des places de tête, et nous avons accepté ce que l'on appelle, dans la constitution des listes, les "positions de personnalités". On voulait alors surtout affirmer une place symbolique, en tant que femmes du mouvement des femmes.

Ensuite, au moment des législatives de 1993, j'ai été contactée par les Verts qui constituaient une liste appelée : "L'entente des écologistes", comme candidate suppléante de Jean-Luc Duménil dans la 18e circonscription de Paris, secteur de la Goutte d'or et d'une partie du XVIIe arrondissement.

Les raisons du choix de cette proposition sont les suivantes : j'habite la Goutte d'or ; j'avais travaillé à différentes reprises avec les militant-es écologistes du quartier et avec la commission femmes ; enfin, du fait de mes activités dans le mouvement Arc en ciel, j'étais connue d'un certain nombre de militant-es.

Pour les législatives de mars 93, j'avais fait une campagne que j'avais qualifiée de "campagne femmes" à l'attention des femmes sur trois axes :
- Le maintien du droit à l'avortement et à la contraception, puisque c'était une période ou plusieurs cliniques étaient attaquées - dont une (la clinique Ordener) dans le XVIIIe arrondissement.
- Contre les violences faites aux femmes et notamment les viols par les femmes de l'ex-Yougoslavie, viols utilisés comme arme d'épuration ethnique.
J'ai, à cette occasion, essayé de faire le lien entre les violences subies par les femmes et une politique étatique. -La parité hommes / femmes dans les instances élues.

En tant que collectif Ruptures, nous avions participé, en novembre 1992, à Athènes, au Sommet Européen sur les femmes au pouvoir. À la suite de la "Charte d'Athènes", nous avions décidé de proposer aux différentes associations qui travaillaient sur la parité en France de se regrouper en réseau pour avoir plus de compatibilités entre elles et plus de résultats concrets.

Dans cette campagne, j'avais aussi affirmé une position en faveur droit de vote des émigré-es que j'estimais une revendication importante pour l'exercice d'une nouvelle citoyenneté. De plus, dans le XVIII ème arrondissement, la droite et l'extrême droite faisaient campagne sur deux axes : contre l'avortement et contre la présence d'émigré-es.  

Les résultats de cette campagne ont été assez intéressants du point de vue des contacts et du point du vue des résultats.
La liste a fait 9, 8 % qui était le score le plus important chez les Verts sur Paris et la Région parisienne. Le score national a été de 11, 6 %.

Cette campagne m'a permis de constater que la question du droit à l'avortement était profondément ressentie comme un acquis à préserver par la population à laquelle je m'adressais et que la question de la parité n'était pas du tout perçue comme venant de la planète Mars, mais qu'elle s'imposait presque "naturellement".

Je m'attendais à devoir argumenter, expliciter ce que le mot même de "parité" voulait dire. En fait, je me suis trouvée avec des personnes qui connaissaient le terme, qui savaient ce que cela voulait dire, même si elles ne connaissaient pas la définition du Larousse et qui considéraient que la revendication allait de soi. Pour elles, si les femmes étaient au pouvoir, on n'assisterait pas à cette dégradation du monde et à toutes ces guerres.

Je me suis rendue compte de la différence entre ce type de perception et les remarques qui pouvaient être faites dans les milieux féministes, avec les femmes déjà très politiquement impliquées ou avec les journalistes ou les enseignant-es. Cette réaction de ces habitant-es du XVIII ème arrondissement de Paris se confondait au niveau des sexes et des âges ; que ce soit des hommes ou des femmes, il y avait la même curiosité pour en savoir davantage, le même intérêt.
Quand les obstacles et les difficultés étaient évoqués, cela se retrouvait parmi les deux sexes.
Toutes les femmes, jeunes ou moins jeunes, considéraient, avec différents arguments, qu'il était temps d'en passer par là.
Les arguments, de type un peu militant, que j'avais forgés, n'étaient pas nécessaires.

Par ailleurs, nous avons fait énormément de réunions d'appartements, à partir de rencontres avec des gens qui, dans les quartiers, venaient nous voir lors des distributions de tracts ou devant les panneaux et nous proposaient de discuter avec des personnes du quartier ou des ami-es.
Cela donnait une teneur très différente quant aux discussions que nous pouvions avoir.

Cela a été très nouveau pour moi et m'a donné l'impression que des choses bougeaient de ce côté-là : si les préaux étaient désertés - à part les militant-es, la plupart du temps, il n'y avait personne - dans ces discussions d'appartements, l'intérêt était réel avec de nouvelles manières de vouloir parler aux candidat-es.
Il y avait une sorte de distance révolue entre ceux et celles qui sont les professionnel-les de la politique et ceux et celles qui s'adressent à eux pour leur poser des questions, sous forme d'échanges et de débats.
Cela a d'ailleurs été relaté dans Libération de mars 1993 ; le journaliste avait évoqué ces réunions d'appartement, notamment dans le XVIIIe arrondissement et relaté mon action en faveur de la parité. Il n'avait d'ailleurs pratiquement retenu que cela, avec une grande curiosité.

Quant la constitution de listes pour les Européennes a commencé à être envisagé, cela a été une évidence pour les Verts de s'adresser à moi, comme "candidate d'ouverture".
Pour eux, ce terme concerne des personnes qui n'étaient pas militant-es du parti auquel ils demandent d'être candidat-es, mais qu'ils considéraient comme des représentant-es d'un des secteurs des mouvements sociaux en France.
Dans les choix des Verts, il y a une volonté affichée de présence de candidat-es du parti et de candidat-es d'ouverture.
Concrètement, toutes les 7 places sont réservées à des candidat-es d'ouverture.

Il s'agit pour eux de signifier ainsi leur conception du politique, à savoir que l'alternative politique à la société actuelle est une convergence plurielle entre les différents secteurs de la société qui peuvent participer au projet social.

Si la greffe pour les élections s'est faite, c'est parce que j'étais, pour ma part, en accord avec leur programme et leur manière de fonctionner, de faire de la politique autrement. Même s'ils n'y arrivent pas obligatoirement dans les faits, ils essayent de mettre en oeuvre un certain nombre de mesures pour y parvenir.
C'est la raison pour laquelle je vote Vert depuis un certain nombre d'années et que je suis d'accord avec ce type d'expérimentations pour changer la politique en France.

De plus, j'avais aussi des pratiques associatives depuis un certain nombre d'années ; j'étais, de plus, connue de pas mal de milieux politiques et sociatifs, de gauche et d'extrême gauche et du mouvement féministe.
Cela avait donc, pour eux, un sens de me demander d'être candidate d'ouverture.

Enfin, cela leur permettait aussi de pouvoir constituer cette liste paritairement ; car, une des difficultés que rencontraient les Verts à cette époque-là - et toujours actuellement - pour constituer leurs listes paritaires réside dans les réticences affichées par les femmes Vertes elles-mêmes à s'impliquer pour être candidates sur les listes, pour un certain nombre de raisons .

Les femmes de la Commission femmes ont donc beaucoup insisté pour que les postes d'ouvertures soient occupés en grande majorité par des femmes et que l'on puisse faire appel à des femmes de mouvement sociaux et pas uniquement du mouvement féministe.

Là, les problèmes ont commencé à se poser. Quand s'est constitué la commission d'examen des candidatures, il y a eu des tractations, des marchandages, comme cela se passe toujours. L'exigence de la commission femmes était que, d'un point de vue symbolique notamment, les candidates féministes (puisque nous étions deux : Anne Zélinski et moi-même, soyons "bien placées" : l'une, en troisième position, (1ère position d'ouverture) et l'autre, en septième position (2ème position d'ouverture).

C'était une volonté d'affirmer la participation des femmes à l'évolution de société, de faire passer un message au sein des Verts, montrant que la parité était toujours un élément pivot de leur existence et de susciter, en leur sein, un débat entre les femmes qui n'étaient pas féministes, même si elles revendiquent la parité, et les féministes.
Toutes les tractations qui ont eu lieu m'ont beaucoup dépassée, parce que c'était très difficile de les contrôler du fait que je n'étais pas militante des Verts.

En outre, de fait, rien de tout cela n'a été respecté.
Un certain nombre de personnes au sein des Verts, comme Solange Ferneix et M. Christine Aulas ont, jusqu'au bout, défendu la position de la commission femmes pour que les féministes d'ouverture restent en position d'éligibilité.

À l'époque, les Verts partaient de l'idée qu'ils auraient au moins 5 candidat-es, soit dix personnes siégeant au Parlement. Nous avons alors assisté à une espèce de crescendo entre la période où ils s'attendaient à avoir des candidat-es élu-es et la fin de la campagne où ils n'attendaient plus que deux candidats. Jamais ils n'ont pensé qu'ils n'en auraient aucun.

Les candidatures féministes ont donc connu des aléas dans leur position sur la liste selon les prévisions en nombre d'élu-es. Je suis ainsi passée du poste de 3 ème candidate à celui de 7 ème (Anne Zélinski, personnalité plus connue que moi, a ainsi été placée en 3 ème position, à ma place).
Ensuite, il y a eu des tractations avec des cartels de l'extrême gauche qui ont voulu imposer des candidates qui étaient beaucoup plus proche des mouvements antiracistes et qui ont eu le premier poste d'ouverture, reléguant ainsi Anne Zélinski en 7 ème position ; je me suis alors retrouvée en 14 ème position (3 ème poste d'ouverture).
Je vous passe toutes les péripéties, qui ont été encore plus folles que cela, puisque, à la fin, tout a été décidé entre 2 heures et 4 heures du matin et tout a été chamboulé.
De guerre lasse, énormément ont cédé.
Je ne sais pas comment je me suis retrouvée alors en position 28 !
Je leur ai alors dit de me rayer de la liste.

Pour moi, cela fut une période de tractations de bas étage. Je ne me suis pas du tout intéressée de près à ces magouilles et je pense, avec le recul, que j'ai eu tort, car ma candidature n'était pas seulement individuelle : c'était une candidature du mouvement des femmes, qui posait la question de sa représentation.
J'aurais dû me bagarrer beaucoup plus pour que la place du mouvement des femmes soit, à ce titre, respectée.
Mais n'étant pas, par ailleurs, dans l'appareil, il y a beaucoup de choses qui vous échappent : vous ne savez pas quand se discutent les décisions, vous n'êtes d'ailleurs pas convoquée pour cela.
Par ailleurs, la responsable de la Commission femmes des Verts, à l'époque, était prête d'accoucher et a même arrêté d'aller dans les réunions internes.

Un dernier point. J'avais fait un courrier à toutes les associations de femmes et toutes les associations avec lesquelles j'étais en contact pour expliquer le sens de ma candidature 6 et je dois dire que j'ai eu très peu de retours. J'avais eu, certes, des soutiens plus importants que lors des législatives de 1993, mais je m'attendais à bénéficier de plus de soutien, en investissement concret, pratique, financier, du fait du combat pour la parité posé comme axe essentiel de ma campagne pour les élections Européennes.
J'ai dû moi-même assurer, éponger le déficit de la campagne7, en partie avec le Collectif féministe Ruptures, et, dans une certaine mesure, avec la Commission femmes des Verts

Je n'ai pas trouvé une mobilisation des femmes qui pouvaient se sentir concernées par une féministe qui "allait au charbon" et, lorsqu'il n'y a pas beaucoup de troupes avec soi - je ne dis pas derrière soi - on prend pas mal de coups, ce qui n'est pas évident.

J'ai dû en effet affronter les antiféministes chez les Verts, des hommes et des femmes : les femmes qui étaient pour la parité de manière essentialiste et qui ne voulaient pas entendre parler d'alliances avec les féministes sur ce terrain-là, car elles avaient peur que cela les déborde très nettement, mais aussi les candidat-es d'ouverture autres que féministes comme les mouvements antiracistes ou le Collectif contre l'épuration ethnique.

J'ai fait beaucoup de réunions sur Paris et la province, dans les 10 derniers jours de la campagne - j'avais pris les 10 jours payés aux salarié-es candidat-es - et j'avais fait des réunions, tous les deux jours, en province. Et je me suis retrouvée dans des situations où les candidat-es d'ouverture que ce soit des antiracistes ou des personnes du Collectif contre l'épuration ethnique dans la personne de son président - en réunion publique, prenaient officiellement position contre le féminisme et la parité et de manière assez virulente.

C'était assez anachronique - et, pour moi, assez dur - mais ce n'était pas nécessairement négatif du point de vue du débat. Cela me motivait pas mal pour argumenter ; en outre, c'étaient les personnes du public qui leur répondaient en faveur de la parité.

Si j'évoque cela, c'est que je pense que c'est, peut-être, tous ces "détails" là qu'il faudrait voir de manière plus précise si on décide de présenter des femmes pour défendre l'existence de la parité hommes/ femmes dans les instances élues et autres.

Comme bilan, je pense que l'on ne peut pas ne pas accompagner la revendication d'exercice de la parité de la notion de projet politique. Je ne dis pas de programme - car les femmes ne raisonnent pas en termes de programme - mais de projet.

Souvent, ce que j'ai rencontré comme questionnement chez les femmes et les hommes - mais chez les femmes surtout - c'est : "Oui à la parité, mais pour qui, pour quoi faire et avec qui ? ".
Et cela, je pense que l'on se doit d'y répondre.

J'ai donné, pour ma part des réponses qui me sont tout à fait personnelles et que je présentais comme telles. Mais l'attente est là.

Par ailleurs, il y a des démarches d'ordre éthique qui sont attendues des femmes qui se situent pour la parité, qui posent, entre autres, la question de la confiance entre élu-es et citoyen-nes.

Les femmes disaient en substance ceci : "On a été bien trop lésées dans la politique dans le passé, on est d'accord pour faire de la politique autrement ; on pense, par ailleurs, que l'on fait, déjà, de la politique autrement. Aussi, on n'est pas du tout d'accord quand on nous dit qu'on doit 'entrer en politique', puisque les femmes participent du politique par leurs revendications et leur mobilisation. Mais on a une exigence d'un système d'allers et retours entre les femmes élues et les femmes dans les associations pour essayer d'établir des stratégies et de définir des tactiques ensemble. "

Enfin, je pense que nous devrions constituer un regroupement de femmes pour la parité qui rencontreraient les partis pour négocier les candidatures afin de ne pas laisser des femmes affronter isolément ces structures.

Jacqueline Sag

Antoinette Fouque a été très sensible à votre invitation et regrette beaucoup de ne pouvoir y répondre. Elle est en effet partie en Turquie où elle doit participer à une conférence de presse pour dénoncer la situation faite à Leyla Zana et aux sept autres députés incarcérés depuis plusieurs mois et traduits devant la cour de Sûreté d'Ankara. Le Procureur a requis la peine de mort contre les huit parlementaires et le verdict doit être rendu après-demain, au cours de l'audience du 8 décembre.

Je me trouve donc en situation d'intervenir dans votre séminaire parce qu'Antoinette Fouque m'a demandé de la remplacer quand elle a compris qu'elle ne pourrait pas venir.

Vous l'aviez sans doute invitée aussi, outre ses fonctions de parlementaire européenne, pour avoir fondé, en avril 1992, le "Club Parité 2.000", auquel je participe avec d'autres militantes de l'Alliance des Femmes pour la Démocratie.
Mon propos visera essentiellement à vous donner notre position sur l'analyse psycho-politique d'Antoinette Fouque, qu'à l'occasion, je citerais.

Qu'entendons-nous par parité ?
Une parité simplement quantitative pose la question des femmes qui s'ignorent, en tant que femmes. Le dernier vote de la Norvège - un des pays d'Europe où les femmes sont les mieux représentées - montre les effets d'une parité qui ne s'accompagne pas des Lumières, au sens du 18ème siècle.
La parité, oui, mais une parité qualitative.
Une parité pour la cause des femmes. Avec des femmes et pourquoi pas des hommes qui ont compris la fécondité de la mixité.

Pour Antoinette Fouque, en reprenant l'expression de Montaigne, la spécificité du mouvement des femmes tient dans le fait que "Nous sommes nous-mêmes la matière de nos luttes", que nous en sommes à la fois les sujets et les objets.
La pratique, au sens analytique du terme, c'est le passage sur le divan. On ne devient pas psychanalyste sans avoir fait le voyage.

Qu'en est-il de la pratique politique ?
On ne devient pas un-e politique digne de ce nom sans avoir une pratique de ce dont on parle ; un-e politique de gauche sans savoir où l'on est ou l'on a été dans l'impouvoir, sans avoir une connaissance de l'exclusion. Pas seulement en parlant des SDF, mais en parlant de soi.

La parité implique évidemment une parité hommes et femmes, mais elle ne s'y limite pas. Par exemple, aux Assises de la transformation sociale qui se sont tenues les 3 et 4 décembre dernier, le dernier jour, il y avait à la tribune 2 femmes sur 11 et pas d'associations ; autrement dit, il n'y avait ni parité sexuelle, ni parité politique.
Car enfin, si l'on doit reconnaître la parité hommes / femmes, c'est qu'il y a bien deux sexes, comme il y a aussi bien deux gauches : une gauche en mouvement, force de contestation et une gauche gouvernementale, comme il y a bien une société civile et une classe politique.

Je voudrais citer un passage d'une intervention d'Antoinette Fouque, dans laquelle elle reprend cette question: " Qu'appelle-t-on classe politique ? - vocable apparu avec l'arrivée de la gauche au pouvoir: un conglomérat auto-proclamé constitué d'une part d'élus de la nation, d'autre part de nommés, comme le sont certains membres du gouvernement qui ne sont jamais passés devant les urnes et enfin d'administratifs qui n'ont été ni nommés, ni élus, et qui sont agissants - voire intrigants - dans les ministères.

La tendance naturelle de cette classe politique est de chercher à mettre en position de dissidence tout travail de démocratisation. Elle a elle-même une phobie des électeurs et, en particulier de l'électorat populaire qu'elle traite comme les femmes, comme les beurs de "gibier du populisme". Classicisme qui s'accompagne donc de misogynie, d'âgisme, de racisme. Il faut remettre en cause cette notion de classe politique qui introduit un rapport d'inféodation dans la prétendue société civile, qui la prive de sa possibilité d'action et la réduit à une position masochiste. La classe politique est une machine à exclure l'autre. La classe politique monopolise la politique".8

Le cumul des mandats et le cumul des fonctions, ce n'est rien d'autre qu'une capitalisation du pouvoir, des pouvoirs. Par exemple, dans le gouvernement actuel - dirigé par Edouard Balladur - la suppression du ministère des femmes s'est accompagnée d'une appropriation de trois autres: Affaires Sociales, Santé, Ville.

Dans une société équitable, chaque électeur devrait avoir une sorte d'éligibilité possible, soit au niveau associatif, soit au niveau politique. Car il ne s'agit pas tant d'un partage du pouvoir que d'une redistribution du pouvoir.
La parité, ce n'est pas le partage du pouvoir, mais le redoublement du pouvoir -faire. La multiplication de la capacité politique d'une force démocratique, sur la base d'une hétérogénéité féconde. Ce n'est pas une utopie, mais nous avons le modèle, non pas naturel, mais culturel de la gestation.
Nous connaissons un autre modèle que celui de dominant - dominé, même s'il peut être contaminé par le modèle de la domination, nous connaissons le modèle de la couplaison, d'un " deux" qui fait du "tiers".
Car cette volonté de transformation, c'est aussi la volonté de transformer la pouvoir phallique de l'un en économie génitale plurielle.
Pour évoquer la Conférence de Pékin, on peut dire que les ONG (organisations non gouvernementales), c'est le corps, les forces de propositions tandis que les conférences officielles sont des lieux de pouvoirs et de prise de décision. Elles entérinent ou n'entérinent pas ces propositions, en tout cas, elles les filtrent toujours. Et les ONG doivent se battre pour se faire entendre, pour assister aux travaux, pour mener leur activité de lobbying...

La psychanalyse dans les années qui ont suivi 68 avait encore la phobie du corps et était centrée sur " le nom du père", sur le phallus. Le mouvement des femmes a levé la censure sur le corps et Antoinette Fouque a apporté le concept de "corps de la mère". Alors, on a pu parler de la parole de la mère, puis du corps du père.
Nous préférons une pensée mutualiste ou fédérative, plutôt que phallocentrée, comme le système solaire.
Une parité véritable, c'est donc une parité femmes et hommes, femmes qui se connaissent en tant que femmes, et aussi associations, expression de la société civile et partis.
Si l'on peut remarquer que ce terme a peu supplanté celui d'égalité, qu'il semble élargir ou préciser, nous pourrions terminer en risquant cette nouvelle définition de la parité : "La parité, c'est l'égalité, plus l'hétérogénéité féconde".

Mariette Sineau

Ma première remarque concerne ce que vous avez dit de la notion classe politique, que vous datez de 1981, et que l'on peut contester. Cela ne correspond pas à grand’chose.
En outre, en science politique, c'est un terme que l'on récuse plutôt, parce que cela fait référence à classe sociale.

Ma deuxième remarque, qui me paraît plus importante, concerne la très brève référence que vous avez faite à la Norvège. J'imagine que faites référence au "non" de la Norvège au référendum sur l'entrée dans l'Europe que vous avez interprété en termes de refus des Lumières. Les Lumières, selon vous, auraient probablement été un "oui" à l'Europe. Mais ce refus ne doit pas nécessairement être interprété comme anti-européen ; c'est un "non" à une certaine Europe qui est refusée. Il faudrait aussi dire que ce sont les électeurs, surtout les électrices et les jeunes électrices ont dit "non" à l'Europe.
Par ailleurs, la référence que vous avez faite au lien entre ce vote et la parité en politique n'est pas adéquate - ou alors les mots ne veulent plus rien dire - puisque la classe politique et notamment la Première ministre norvégienne, pour laquelle cela a été un échec personnel, avait défendu le "oui" au référendum.

Jacqueline Sag

Je voulais répondre rapidement à Mariette Sineau. En 1981, alors que la gauche est arrivée au pouvoir, il y a eu un hiatus de plus en plus grand entre les représentant-es et les représenté-es. Je ne parle pas en tant que politologue, mais en tant que militante politique.
Il s'agit d'une prise de conscience de personnes de la société civile qui se rendent compte de l'écart entre ceux qui sont censés les représenter, c'est-à-dire la gauche de gouvernement et la masse de la gauche.
Dans toutes les réunions auxquelles j'ai assisté, j'ai toujours entendu parier du couple société civile / classe politique, tout à fait comparable à un couple sexué dans la société d'aujourd'hui.
Il me semble qu'on ne peut dénier cette réalité dont beaucoup se plaignent.
Quant à l'Europe et Maastricht, c'est un débat qu'on ne peut avoir ici, bien qu'il ait à voir avec la parité.

Mariette Sineau

La coupure que vous évoquez ne date pas de 1981. La concentration du pouvoir entre les mains d'une élite, non plus.

Danièle Haase-Dubosc

Ma question s'adresse à Monique Dental. Peux-tu nous préciser quelles étaient les femmes que tu as rencontré qui étaient pour la parité, mais qui se déclaraient ne pas être féministes ?

Monique Dental

En ce qui concerne, par exemple, les militantes du Planning Familial que j'ai rencontrées, en général, n'étaient pas opposées à la parité, parce qu'elles voulaient comprendre ce que cela voulait dire. Mais il y avait un décalage entre des femmes qui sont féministes depuis longtemps ou qui ont intégré les acquis du féminisme et qui, sur de nouvelles revendications, perdent pied. Comme si c'était déstabilisant, déroutant et n'était pas dans leur logique de pensée.

Je souhaitais dire aussi que par rapport aux personnes qui interviennent dans des champs autres que le féminisme (associations de parents d'élèves, de consommateurs), il y avait un clivage fort entre les hommes et les femmes.
Les femmes étaient toutes favorables à la parité, à l'inverse des hommes.
C'était ainsi le cas dans les associations anti-racistes : les femmes étaient toutes favorables à la parité ; quant aux hommes, ils s'agrippaient au critère anti-raciste comme à une bouée parce que c'était le seul qui, aujourd'hui encore, restait dans un cliché de raisonnement.
Au sein des Verts, enfin, c'était assez différent. Il y avait de tout : des femmes féministes, même si elles ne le revendiquent pas, des femmes tout à fait hostiles aux féministes - c'étaient surtout celles qui, chez les Verts, sont sur la position "naturaliste" -, et des femmes en situation de pouvoir dans l'appareil et qui ne se revendiquaient pas du tout du féminisme de peur de ne pas être reconnues à part entière par les hommes de l'appareil, et donc de ne pas être élues.

Mais chez eux, la parité est un acquis réel ; cela fait partie du fonctionnement statutaire.

Là où ce n'est pas un acquis réel, c'est souvent chez les hommes. Et l'argument chez eux, c'est essentiellement : "On ne trouve pas des femmes", ce qui signifie, en sous-entendu : "Les femmes ne prennent pas leurs responsabilités". Mais ce qui m'a beaucoup surprise, c'est qu'il n'y avait pas d'hostilité à la parité.
À l'époque, j'avais trouvé - sans prétention sociologique - certaines récurrences chez les hommes et chez les femmes.
Les femmes souvent disaient que la parité avait une importance symbolique, même si elles n'employaient pas ce mot. Pour elles, le fait que des femmes soient présentes - elles employaient beaucoup ce mot - serait très important.
Nous avions beaucoup travaillé pour savoir comment faire en sorte que, pour accompagner la parité, nous fassions des actions qui fassent lien et mémoire avec l'histoire des femmes.
Nous avions l'idée selon laquelle la parité, c'est à la fois ce qui va faire la jonction avec les acquis antérieurs des femmes, avec toute l'histoire des femmes - comme si nous avions trouvé un fil symbolique - et ce qui va asseoir leur présence.
Les femmes ne parlaient jamais en termes de différences ; elles disaient en revanche que la présence des femmes n'était pas la même que celle des hommes et que lorsqu'une femme pense la politique elle ne pense pas la politique comme les hommes la pensent.

Les hommes étaient souvent obnubilés sur le problème de la procédure. Tout d'un coup, cela devenait insurmontable ; c'était un handicap majeur par rapport à la loi et à la Constitution.

Les femmes s'en fichaient complètement et elles pensaient qu'il était toujours possible de trouver des solutions, comme elles en trouvaient quotidiennement avec l'éducation de leurs enfants, malgré tous les problèmes qu'elles avaient. Pourquoi se faire une montagne d'un problème si simple ?

Les hommes, quant à eux, reprenaient l'argument de l'opposition parité / quotas, en arguant que si les quotas n'avaient pas marché, il y avait peu de raisons pour que la parité marche ; quant aux femmes, les seules qui en parlaient étaient les militantes d'extrême gauche et de gauche.

Les deux voies étaient parallèles et il n'y avait pas de moyen de les faire se rencontrer.

C'est aussi la situation au sein du féminisme quand il y a obstacle - et dans certains cas, obstruction - à la parité.
Quand il y avait chez les femmes des interrogations, ce n'était pas en termes d'empêchement : elles disaient : "Il faudra, pour arriver à être présentes en politique, exercer la parité dans tous les domaines." Pour elles, c'était partout. Mais il fallait, pour cela, résoudre le problème du temps.
Pour les femmes, le temps, c'est capital, monumental.
Il y avait aussi l'exigence d'une équité de salaires et surtout de travailler par rapport à la question des violences et des solidarités.

Françoise Duriez

Ce que disait Monique Dental, à savoir qu'il n'est pas possible de faire avancer l'idée de parité, sans avoir de projet politique, me paraît très important.
Beaucoup de listes paritaires se sont heurtées au même problème ; je pense à la liste Choisir / Mouvement des citoyens.

Lorsque l'on veut une citoyenneté pleine et entière, il faut assumer ses responsabilités jusqu'au bout, ce qui veut dire qu'il faut aller sur le terrain politique. Il y a un certain nombre de réticences ; nous avons vu, pour Maastricht, que nous n'étions pas d'accord entre nous concernant la réponse à ce référendum : certaines ont voté oui, d'autres non. Il n'empêche, qu'à mon sens, nous aurions pu peut-être nous retrouver sur une critique féministe du traité de Maastricht et de l'évolution de l'Europe, quitte, après, à avoir des positions divergentes en fonction d'un programme. Sur le terrain politique qui n'est pas le nôtre - car nous n'avons pas la maîtrise du choix des thèmes, des questions que l'on nous pose, malheureusement - il faut certainement arriver à avoir une réflexion qui nous soit propre.
Maastricht était un excellent exemple où nous aurions pu exercer notre critique ; en matière de politique sociale, de place faite aux femmes, de politique de coopération, de politique militaire etc. II s'agit de terrains que nous n'avons pas encore investis, mais nous devons nous y mettre ; je pense que nous représentons suffisamment de forces pour que cela soit possible.

Geneviève Fraisse

Je voudrais demander à Jacqueline Sag pourquoi elle pense que la parité n'est pas une utopie. Moi, je pense le contraire. L'utopie n'a jamais été une illusion. C'est une question qui touche à l'ensemble du mouvement des femmes et à l'ensemble de nos pratiques depuis le début. Pour moi, l'utopie est quelque chose qui n'a pas de lieu.

Jacqueline Sag

Dans ce que j'ai cru dire - peut-être l'ai-je mal dit - c'est que le modèle de la couplaison et de la gestation n'est pas une utopie, même si le modèle est contaminé.

Geneviève Fraisse

Je n'ai pas cette capacité de réponse-là. Donc, pour moi, c'est une utopie. Comment arriver de l'utopie au réel, à certains moments et d'autres, me paraît une question importante du mouvement des femmes. C'est aussi l'utopie qui nous a fait avancer.

Jacqueline Sag

Pour beaucoup de psychanalystes, le réel est une utopie. Là, c'est l'inverse.

Ginette Lemaitre

Si on parie en termes psychanalytiques, le réel, c'est l'imaginaire.

Geneviève Fraisse

C'est pour cela que j'aime cette question. Je soutiendrais, pour ma part, que nous avons fait un travail d'utopie.

Mariette Sineau

On pourrait dire que tout bon projet politique doit être porteur d'utopie. En ce moment, on pourrait déplorer l'absence d'utopie dans les projets politiques. C'est ce qui manque le plus. Moi, je valoriserais plutôt l'utopie. II faut un imaginaire politique.

Geneviève Fraisse

Je ne cesse de le valoriser. C'était bien cela que j'entendais.

Anne Le Gall

Je ne partage pas tout à fait le point de vue de Jacqueline Sag, qui est celui de l'Alliance des femmes pour la démocratie, comme elle a bien voulu nous le dire.
C'est certainement très important de définir un projet politique, mais à force de dire : "toutes ces femmes qui sont choisies ne pas nécessairement féministes", cela pose problème.
On risque en effet de dire comme autrefois : "Les femmes voteront pour les curés".

Par ailleurs, c'est en effet un des traits du mouvement féministe - qui le rend si difficile - de promouvoir des femmes qui les ont les plus rudement combattues. À l'inverse de beaucoup d'autres mouvements sociaux, en progressant et en s'intégrant à la société, c'est-à-dire en commençant à atteindre ses objectifs, il sacrifie toujours ses élites, systématiquement.

En ce qui concerne la parité, il est clair, qu'au début, nous aurons les femmes qui, à défaut de nous avoir combattues, auront été les plus tièdes, pour ne pas dire les plus ambiguës - quand nous n'étions pas là - avec ceux qui leur ont assuré des postes.
Cela me semble aller de soi.
Aussi, mettre comme condition la disparition de ce type de pratiques à une avancée de la parité me semble relever de l'illusion et freine absolument tout.
Ces questions-là, je ne me les poserais surtout pas sur le plan politique. On peut se les poser, en revanche, en termes d'amertume personnelle. Car, c'est vrai qu'il y a souvent de grandes injustices et même des trahisons. II faut aussi bien l'admettre... oui, des trahisons.

Ceci étant, j'en viendrais à la ligne politique générale et je dirais que ce qui me semble intéressant dans l'analyse politique que Janine Mossuz Lavau a bien voulu faire sur les Européennes, à savoir que la gauche se suicide à ne pas voir que ce sont les femmes qui constituent sa clientèle politique. Et même, celle de demain.
Ce constat, que j'avais déjà fait à l'Assemblée des Femmes, a mis Yvette Roudy en colère lorsque j'en ai parlé.

Indépendamment de la loi pour la parité, c'est vers les figures de femmes qui se reconnaissent dans la gauche que va en partie évoluer la société. II est intéressant de voir que la gauche n'a absolument pas perçu ce phénomène qui appelle impérativement un renouvellement idéologique.

Cette position est d'ailleurs très ancienne : une des pratiques du Parti Socialiste, qui l'a reprise de la SFIO, a toujours été de casser le mouvement des femmes et de ne pas permettre qu'il se constitue en son sein.
Il y a un socle historique qui, pour avoir 100 ans, n'en est pas moins extraordinairement persistant.
Jamais, alors qu'Yvette Roudy était ministre des droits des femmes, il n'a été question de constituer un grand mouvement de femmes autonome ou en relation avec les partis de gauche.
Et quand je voyais Elisabeth Guigou faire campagne sur l'Europe - qui semble lui tenir tellement à cœur - il n'y avait pas un mot sur les femmes - alors qu'elle venait parfois parler dans des mouvements de femmes ou des associations d'un certain niveau.
Comme si les femmes, à ses yeux - elle qui en était une - n'existaient pas.

C'est un des traits de toutes les femmes politiques françaises. Peut-être un peu moins Edith Cresson, et encore.9 Quand on voit, d'un point de vue historique, ce que Madeleine Pelletier a admiré chez les Anglaises, ça ne se passait pas de la même manière. Et en Allemagne, non plus - malgré de terribles "dérives" au moment du nazisme - il y a toujours eu un grand mouvement de femmes, sur le plan politique. Et non pas au sens où nous l'entendons, nous, sur le plan féministe.

Quant à ce que Monique Dental a dit sur sa campagne, cela vérifie entièrement ce que je ressens, à l'occasion des contacts que j'ai en parlant en permanence de la parité ; à savoir que nous sommes coupées du milieu même qui portera la parité. C'est une évidence et le mouvement féministes, les intellectuelles et une partie des femmes du mouvement politique n'en sont pas conscientes.
Elles sont dans des arguties parce que toutes, d'un certain point de vue, relaient, dans le fond, la résistance des institutions dont elles font partie : soit qu'il s'agisse de l'analyse féministe qui est, elle aussi, institutionnalisée, soit du milieu universitaire. Pour ne pas parler du monde politique.
En France, la résistance institutionnelle est beaucoup plus forte que nous ne l'imaginons.

La différence que je poserais par rapport à ce qu'a dit Monique Dental, c'est que si la parité "va de soi"; elle n'est pas encore un projet politique. Ce qui signifie que cette revendication n'est pas perçue comme une nécessité sur la base de laquelle, il sera prioritaire de se mobiliser, essentiellement et sans doute totalement.
Notre vraie difficulté est là.

Mariette Sineau

Monique, tu nous as dit que cette campagne était coûteuse financièrement ; en temps, peux-tu chiffrer l'énergie que tu as dépensé pm candidate aux Européennes ? Et par ailleurs, ne penses-tu pas que le plus difficile n'est pas justement ce que tu as fait, à savoir être candidate d'ouverture, sans pouvoir faire pression sur l'appareil ?

Monique Dental

Cela m'a pris tout mon temps. Cela a commencé trois mois avant les élections - les discussions, les contacts - car, d'une part, à l' exception des dix derniers jours, j'ai travaillé normalement et tout le reste de mon temps y était entièrement consacré, le soir, le matin, le week-end. Les 15 derniers jours, c'était à plein temps. Si j'ose dire, jour et nuit, car la nuit, j'en rêvais ; mon cerveau fonctionnait même la nuit à propos des arguments que j'avais entendus. Cela me "travaillait" beaucoup. Et c'était aussi le fait du peu de personnes qui faisaient campagne avec moi ; on pensait qu'on aurait été beaucoup plus nombreuses et que, dans ce cas-là, cela aurait permis de répartir, un peu plus, le temps.
C'est vrai, par ailleurs, que le fait de ne pas être dans l'appareil ne m'a pas permis d'avoir prise sur l'événement, sur ce qui se passait et donc, sans pouvoir négocier. La présence et la capacité de négociation sont toutes les deux nécessaires.
Les Verts fonctionnent comme un parti et s'ils te prennent comme représentant-e du mouvement associatif, ils supposent que les troupes vont être là. Ils n'ont pas conscience que le mouvement de femmes, le mouvement associatif ne fonctionnent pas du tout selon les modalités des organisations politiques.

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Notes de bas de page
1 Cf., "Européennes : En 1994, la mode est féminine". Libération, 11 mai 1994
2 Ces chiffres m'ont été communiqués par l'Institut B.V.A. Je tiens, à cet également à remercier B.V.A. et l'IFOP qui m'ont communiqué un certain nombre de tableaux inédits qui ont permis ce travail.
3 L'IFOP a été le seul institut à faire une vraie distinction "femmes au foyer" / femmes actives, alors que B.V.A. avait comparé les femmes au foyer à l'ensemble de toutes les  femmes.
4 Même s'il est hasardeux de comparer les législatives et les Européennes, puisque tout les sépare, du mode de scrutin aux nombres de candidat-es ou de listes en présence et aux enjeux.
5 Mossuz-Lavau Janine. - "Le vote des femmes en France, 1945-1993". - Revue française des sciences politiques. - Vol. 43, 404, Août 1993. p. 673 à 689.
6 "Lettre de Monique Dental aux associations les informant de sa candidature aux élections européennes". Réseau Femmes "Ruptures". Bulletin de liaison n° 115. 2ème quinzaine de mai 1994.
7 Celle-ci m'avait coûté 12.000 F.
8 CF., Antoinette Fouque. - Comment démocratiser la psychanalyse ? - Passages. Nov. 1994.
9 Cf., Schemla Élisabeth. - La femme piégée. - Paris. Flammarion, 1994. Février 1996

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