L’AVFT a été à l’origine de trois publications.
La première – qui m’est la plus chère – fut une petite revue publiée après quelques mois d’activités de l’association. Elle s’intitulait « Cette violence dont nous ne voulons plus ».
Le premier numéro (sd) publié fin 1985 comportait une trentaine de pageset le dernier, le plus achevé, fut un numéro double (N° 11/ 12) d’une centaine de pages intitulé : « Prostitution », daté de mars 1991.
À son début, cette petite revue était exclusivement consacrée à la question du harcèlement sexuel et, plus largement, des violences à l’encontre des femmes au travail, et certains numéros furent sur ce sujet thématiques [« Syndicalisme et sexisme » « Harcèlement sexuel et patronat » ]. Puis progressivement ont été intégrées d’autres réflexions, d’autres analyses, d’autres témoignages, d’autres dénonciations plus largement consacrés aux multiples formes de violences masculines à l’encontre des femmes [violences [dites] conjugales, la pornographie, la prostitution].
Si chaque numéro se voulait plus riche que le précédent - et l’était - la structure d’ensemble était globalement la même : on y trouvait en effet, accompagnée d’une iconographie assez riche et diverse, les mêmes rubriques :
- Des textes analytiques (Je pense notamment à un inédit de Margaret Mead)
- Des témoignages de femmes
- La présentation de grèves et de luttes de femmes : L’affaire Couriau, 1913-1914 ; Les nouvelles Galeries de Thionville, 1972 ; La Manufacture Tourangelle de Confection, 1979 ; Carrefour Montesson, 1987 ; Tati, 1982 ; General Motors (Québec), -1987 ; Standard oil of Ohio (E-U), 1983
- Des interviews / articles de féministes (France Daviet, Marie-France Casalis, Danièle Kergoat, Marta Ormos, Michèle Le Doeuff, Odile Dhavernas..1) et de spécialistes non spécifiquement féministes (Patrick Nicoleau et Simon Lequeux)
- Des analyses historiques, des critiques de livres, des revues de presse, des textes littéraires, des analyses juridiques...
La dimension européenne et internationale était réelle.
Celle-ci, après deux numéros photocopiés a publié onze numéros, le premier daté de l’été 1994, le dernier (Sd) datant de décembre 1997 [Catherine Le Magueresse étant alors directrice de publication] après un an et demi d’interruption du notamment aux tentatives de suppression des subventions de l’association (du fait d’un gouvernement ‘de gauche’).
Cette publication – dont l’iconographie était choisie par Adela Turin – était consacrée tant aux avancées, notamment juridiques, concernant le harcèlement sexuel, mais elle a, comme la précédente, poursuivi les réflexions sur de plus amples sujets. On peut citer des articles concernant la question du proxénétisme et de la prostitution, du sexisme dans l’Education Nationale, des publicités sexistes, du sexisme dans les livres d’enfants, la critique de la conférence de Pékin, mais aussi concernant des analyses féministes sur la santé, le libéralisme... On pouvait y lire des articles sous la plume de Gisèle Amoussou, Bernard Doray, Juliette Boyer, Syvlie Cromer, Marie-Françoise Fortunel, Arlene Khoury, Catherine Le Magueresse, Florence Montreynaud, Adela Turin...
La campagne - victorieuse - pour la libération de Véronique Akobé menée par l’AVFT a été elle aussi relatée dans cette publication.
Cette publication dont le premier numéro date de mars 1992 a comporté 4 numéros, le dernier (numéro double) étant daté de février 1996.
Le premier était intitulé : « Quels droits pour les femmes ? », le second : « Les violences contre les femmes : un droit des hommes ? », le troisième : « Droit, culture, pouvoirs » et le dernier [de plus de 200 pages] fut entièrement consacré à la publication (enregistrée, puis retranscrite, puis corrigée par les intervenant-es) in extenso du séminaire que j’avais tenu à la Maison des Sciences de l’Homme (!) pendant une année.
Ne pouvant avec regret citer tous les articles, ni tout-es les intervenant-es, je ne peux que dire que tous me semblent, toujours aujourd’hui, remarquables. Je ne peux donc qu’inviter à les lire, d’autant qu’ils sont lisibles sur ‘mon’ site.
Concernant ces trois revues, le tirage était de 1000 exemplaires, la diffusion étant essentiellement militante.
Ce qui, pour moi, était essentiel, c’était le fait, par ces publications, de dépasser, de briser le lien entre recherche institutionnelle et action militante, la distinction n’ayant même pas, pour moi, de sens. Je considérais donc comme non moins essentiel qu’une partie des subventions publiques que nous recevions de l’Etat - et partiellement de mon salaire - soit consacrée au travail intellectuel féministe et donc à la création d’une revue2. Ce furent des choix politiques qui ont été au fondement de la création de l’AVFT qui ont fait sa spécificité et qui perdurent plus de 20 ans après.
J’ai été très heureuse du travail personnel et collectif mené dans la construction de ces revues et je suis fière de leur apport comme de la dimension pionnière de nombre des sujets que nous avons traités.
Cet entretien avec Michèle Larouy, - que je remercie - enregistré et décrypté par elle - a été intégralement récrit par moi, tant mon expression orale m’était, à la lecture de cette retranscription, apparue confuse. Ce texte a été présenté dans le livre dans lequel il a été publié sous la présentation de « Parcours », ce qu’il n’est pas.
1 Mais aussi de Daniel Welzer-Lang, responsable à l’époque de Rime (Recherches et interventions masculines) dont j’ignorais à l’époque (1988) les agissements à l’égard des femmes, comme ses positions de légitimation du système proxénète. La relecture aujourd’hui de son texte [me] révèle que je n’ai pas été suffisamment exigeante quant au qualificatif de « féministe » de son analyse. Ce fut une grave erreur.
Ajout. Octobre 2009. Cette note a été malencontreusement inséré dans le corps du texte.
2 Le fait que j’étais au CNRS, que je participais à nombre de colloques, que je voyageais pas mal, a considérablement facilité ce travail de publication ; ma très riche expérience au Comité de rédaction des Cahiers du Grif aussi.